De cols en glaciers… entre Suisse du Sud et Italie du Nord.
Une reprise d’un article du blog « carnet de randonnée »… en date du 20 juillet 2009.
Messire le Comte de St Denis (Luc) et son compère Monsieur le Marquis de Montpercher (Jean-Pierre) avaient imaginé, un hiver, devant un bon feu de bois et un verre d’alcool (un seul ?), de rallier Thonon à Trieste en raflant au passage nombre de cols à plus de 2 000 mètres afin de « gonfler » leur collection… Mais, ils se heurtaient, à leurs yeux, à deux problèmes d’importance : le retour de Trieste, tout là-bas à la frontière de l’Italie et de la Slovénie, en train, avec les vélos et les bagages et, accessoirement, les 200 derniers kilomètres de l’itinéraire dans la circulation automobile italienne intense pour le moins. Ce qui, d’évidence, ne les motivait pas trop !
C’est alors que Messire de St Denis, grand penseur de qualité devant l’éternel, un travail comme un autre, eut l’idée de proposer un aller-retour Chamonix-Le Stelvio. Leur ami commun, Jean Ll., le Prince de l’Asclier, mis au courant du projet, se proposa de concocter un parcours taillé à leur mesure, connaissant bien les lieux car les ayant visités en 2001 avec son épouse Reine.
Il fut convenu, pour des raisons pratiques, de partir de Vallorcine, village situé au-dessus de Chamonix, et après une recherche de très haute importance, Messire de St Denis, proposa de gravir quelque 22 cols à plus de 2 000 mètres se trouvant sur le parcours choisi, ou à proximité, de quoi satisfaire leur collection mais aussi de nuire à leur intégrité physique…
… Le lundi 29 juin 2009, nous sommes à pied d’œuvre au très agréable Camping des Montets à Vallorcine et, après avoir confié notre véhicule au responsable des lieux comprenant tout l’enjeu, le mardi 30 juin, au petit matin, nous prenons la route, chargés comme des baudets de 35 kg chacun de bagages fixés à nos bicyclettes de randonnée…
La suite s’annonce pour le moins coriace… La montée du Col de la Forclaz, une fois la douane Suisse passée sans encombre, nous permet de goûter, pour la première fois, à l’effort intense nécessité pour propulser notre engin de transport provoquant une sueur abondante dégoulinante… et ce n’est pas fini !
Martigny et ses coteaux vignerons nous font apprécier un peu de la platitude de la plaine de fond de vallée dans sa monotonie tout en cherchant l’itinéraire cycliste de « la Suisse à vélo » difficile à cerner pour nous nouveaux venus chez les Helvètes, avant d’arriver en trois jours au pied d’une première escalade afin de nous hisser à Gletsch…
Jean Ll. nous avait prévenu « qu’il n’y aurait pas de problème de logement »… avec les cinq maisons du hameau, nous avons quelques sueurs froides avant de trouver une chambre dans l’immense hôtel des glaciers comme pour nous rassurer sur notre sort !
L’après-midi, délestés des sacoches laissées à l’hôtel, nous entreprenons l’escalade du premier 2 000 de la série, le Grimselpass et ses 2 165 m. Nous comprenons alors qu’il faudra compter avec la circulation automobiles et, en particulier, avec les hordes de motos qui effectuent la même visite que nous en se baladant de col en col, dans un bruit d’enfer et, trop souvent, en ne respectant pas les autres utilisateurs de la route… On fera avec pendant tout le voyage !
Le Grimselpass vaincu, nous prenons la petite route à sens unique qui grimpe à l’Oberrar afin d’admirer de beaux glaciers… quelque peu amaigris… La haute montagne est cependant magnifique !
Nous sommes, déjà, le 3 juillet, le Furkapass (2 431 m) nous voit passer en trombe… ou presque… en surplombant son petit train à vapeur qui s’époumone dans le fond de vallée. L’auberge de jeunesse de Hospental nous permet de poser les sacoches avant d’entreprendre la montée au St Gotthardpass (2 098 m) via l’ancienne route pavée… nous sommes, momentanément, en Italie. Deux autres cols : le Bassa Della Sella (2 138 m) et le Passo Scimfuss (2 238 m) complètent la collection du jour… la forme physique est là, nous mangeons bien et les nuits sont réparatrices avec des couchers vers les 20 h 30’….
Après être passés par Andermatt, le samedi 4 juillet nous voit confrontés au Sustenpass (2 224 m) et son tunnel sommital avant de pique-niquer au Sustenpass Höhe ((2 264 m). La descente nous fait assister à un accident très grave entre une moto fauchant deux cyclotouristes qui ne demandaient rien à personne… ambulances, hélicoptère, pompiers, police… Notre moral en prend un sérieux coup !
De retour à Andermatt, nous visitons la ville et sa magnifique église baroque avant de rentrer sur Hospental.
Le dimanche 5 juillet, partis tôt, nous admirons les très jolis trains suisses en montant l’Oberalppass (2 044 m) et le col muletier du Pass Tiarms (2 150 m). La vallée nous permet, par un itinéraire cyclable, de rejoindre l’étrange ville, qualifiée de ville fantôme par le Marquis, de Landquart en suivant le Rhin. 128 km au compteur pour cette étape de transition.
Le lundi 6 juillet, la pluie nous accompagne jusqu’à Davos… le G8 ne nous a pas attendu, dommage, nous avions beaucoup de choses à leur dire aux grands de ce monde… La Flüelapass et ses 2 283 m permettent de nous réchauffer car la pluie a fortement abaissé la température…
Notre arrivée dans le joli village de Susch nous réconcilie avec Dame météo et le soleil revenu.
Mardi 7 juillet… Surprise, la pluie est là de bon matin, mais rend les armes rapidement devant notre détermination à grimper l’Ofenpass (2 149 m) avant d’arriver à Prato Allo Stelvio. Nous sommes en Italie. Dans la soirée, l’orage se déclenche soudainement, nous laissant entrevoir beaucoup de difficultés pour le lendemain… il neige sur le Stelvio… Nous sommes à 950 mètres d’altitude !
Mercredi 8 juillet, c’est le grand jour… Tout là-haut, enneigé, nous apercevons le sommet du Stelvio, la Cima Coppi et ses 2 757 m… le but de notre voyage par sa route prestigieuse, le côté « royal » et ses « 48 tornantes » !
A 6 h 30, nous approchons du monstre… Bientôt, un panneau devant nous, dans une épingle à cheveux : il est indiqué « 48ème tornante »… ça promet !
La montée du Stelvio est un pur bonheur, tout nous semble facile concentrés que nous sommes. Dans les derniers kilomètres, nous rencontrons la neige et le chasse-neige a fait son travail avant notre passage. Il est 11 h 10′ lorsque le sommet est atteint sous une ovation de la foule… en délire… ou presque !
5°4, l’atmosphère est pour le moins froide. C’est, couverts chaudement, que nous redescendons vers Livigno où nous arrivons fourbus après avoir escaladés le Passo Di Foscagno (2 291 m) et le Passo d’Eira (2 208 m) 84 km dans les jambes. Nous sommes heureux de notre journée ! Ce soir, l’hôtel est luxueux !
Ce 9 juillet, nous quittons Livigno par la jolie route permettant d’accéder au col Forcola Di Livigno (2 135 m) puis, le Passo Del Bernina (2 307 m). St Moritz et sa richesse économique sont traversés en trombe, pas de temps à perdre dans un tel paradis pour nous autres nobliaux. Nous terminons la descente à l’entrée de la chaude ville de Chiavenna… à 350 m d’altitude…
Vendredi 10 juillet, le Splügenpass (2 115 m) et ses trop nombreux tunnels et pare-avalanches, dangereux pour notre sécurité, nous permet en 30 km et 5 heures de l’escalader… C’est, à nos yeux, le col le plus dur de notre voyage ! La montée du San Bernardino (2 065 m) s’est faite rapidement en s’amusant à écoeurer quelques cyclistes « allégés » passant par là… quand la forme nous tient, nous devenons irrésistibles… si, si ! L’étape de transition du 11 juillet nous a conduit à Airolo. Elle ne nous a pas laissé de grands souvenirs, sinon beaucoup de circulation, une vallée triste enfermant une ligne internationale de chemins de fer et une autoroute.
Le samedi 12 juillet, confrontés aux automobiles et aux hordes de motos, nous gravissons le Nufenenpass (2 478 m). Dans la descente, nous allons chercher le Griespass (2 479 m) dans la neige avant de gagner le village de Ulrichen et ses superbes vieux chalets jouant les équilibristes sur leurs pierres plates. Nous descendons ensuite sur Fiesch et sa superbe auberge de jeunesse déjà visitée à l’aller.
Lundi 13 juillet, nous rejoignons Brig, à 20 km, pour prendre le train à destination de Martigny et raccourcir les 79 km les séparant. Nous avons pris cette décision pour ne pas refaire la vallée sans saveur où nous avions eu, à l’aller, tant de peine à trouver l’itinéraire cycliste pour éviter la route nationale… La montée du col de la Forclaz sous une chaleur éprouvante a sonné la fin du voyage et apporté une satisfaction partagée d’avoir réalisé un rêve éveillé… plein les yeux de belle nature et ses merveilleux paysages, de cols, de glaciers, de chalets fleuris, de villages au charme fou, de…, de…
Arrivés à 16 heures au camping des Montets à Vallorcine, nous avons retrouvé notre véhicule. La journée du 14 juillet a été consacrée à la récupération, farniente et lecture, avant de reprendre la route du retour…
Pour conclure, quelques impressions de voyage :
Nos amis Suisses sont extrêmement sympathiques dès lors qu’ils ne sont pas dans leur automobile. Ils aiment à rouler « décapotés »… dans de grosses cylindrées allemandes ou italiennes et le cycliste, fût-il chargé comme un bourricot, est un gêneur. Nos amis italiens sont égaux à eux-mêmes, c’est à dire Italiens donc volubiles, bruyants… Nous n’avons pas rencontré de problèmes de langues, multilinguistes que nous sommes… avec les mains !
Nous conseillons de ne pas circuler les samedis et dimanches pour un tel voyage afin d’éviter toute confrontation avec les hordes (en groupe de 10, 20, 30) de motos teutonnes et profiter de ces deux journées pour s’accorder un repos mérité.
Cet itinéraire n’est pas à la portée de tout le monde par sa difficulté… Entamer une bonne réflexion avant… et s’entraîner quelque peu.
26 cols dont 22 cols à plus de 2 000 mètres, 20 946 m de dénivelée positive au compteur de Messire de St Denis, les cols à plus de 2 000 mètres non inscrits dans ce texte étaient tout simplement pris dans le sens de la descente… ce sont les plus faciles donc inutile d’en parler… près de 1 100 km au compteur du Marquis… de nombreux litres de sueur donc boire beaucoup… d’eau ! Deux crevaisons à déplorer, une chacun !
Quelques bonnes adresses à favoriser sur le parcours :
Avant toute chose, le Camping des Montets à Vallorcine : superbe, agréable, calme, avec de nombreux randonneurs pédestres pour partager des idées de randonnées, un lieu de villégiature où retourner…
L’auberge de jeunesse de Fiesch : superbe et celle d’Hospental : bien dans la tradition ajiste.
L’hôtel des Glaciers à Gletsch, l’hôtel Steinbock dans le joli village de Susch, l’hôtel Montana à Pratto Allo Stelvio… en particulier s’il faut faire un choix de préférences.
A votre disposition pour vous parler de ce superbe voyage…
Ce contenu a été publié dans
A bicyclette,
Randonnées et Voyages. Vous pouvez le mettre en favoris avec
ce permalien.