Le vélo en ville n’est pas dangereux…

Par le 10 juillet 2014 france-accidents

Le mois dernier, le ministère de l’Intérieur a rendu public un fichier très détaillé sur tous les accidents de la route survenus à l’échelle d’une année complète, 2012. Ces données très complètes, portant sur 62.000 accidents ayant provoqué 3.653 décès, ont été ensuite cartographiées par Rue89 sur un fond de plan Google.

TerraEco a affiné l’analyse en se concentrant sur la répartition cartographique des 4.360 accidents ayant impliqué un vélo en France en 2012. Bien sûr, l’ensemble des accidents à vélo n’y figurent pas : les chutes bénignes et celles n’impliquant pas de voiture ne sont souvent pas répertoriées. Mais cette carte permet de visualiser la localisation géographique des accidents de vélo et montre ainsi que, si 85% des accidents vélo ont lieu en ville, la plupart des accidents mortels se produisent hors milieu urbain, c’est-à-dire en rase campagne, sur les routes départementales.

Légende :
– Un point vert indique un accident ayant fait un blessé léger
– Un point jaune indique un accident ayant entraîné l’hospitalisation d’un blessé
– Un point rouge indique un accident mortel

Un zoom sur Lyon et son agglomération (ci-dessous) montre ainsi que les accidents mortels pour les vélos (en rouge) sont clairement situés hors milieu urbain.

accidents-lyon

Idem si on regarde par exemple ce qui se passe du côté de Bordeaux. Les accidents mortels pour les vélos se produisent sur les routes départementales.

accidents-bordeaux

Clairement, on voit bien que la mortalité liée à la pratique du vélo concerne principalement les cyclo-touristes ou cyclo-sportifs, des cyclistes qui utilisent des voies routières où les voitures roulent en général (trop) vite.

Le lien entre mortalité et vitesse des voitures est particulièrement éloquent pour ce qui concerne l’accidentologie cycliste. Dit autrement, il y a sans doute beaucoup plus de cyclistes et donc d’accidents en milieu urbain, mais la vitesse plus modérée des voitures provoque essentiellement des accidents moins graves.

Geneviève Laferrère, la présidente de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB), rappelle d’ailleurs que “la majorité des accidents graves à vélo ont lieu en dehors des villes“.

Pour Dominique Lebrun, coordonnateur interministériel pour le développement du vélo, le lien entre cyclo-tourisme et mortalité est clair: “Il y a plus de décès hors des villes qu’en ville, avec un pic dans certaines régions où il y a beaucoup de cyclotouristes comme dans les Alpes“.

Faut-il interdire le casque vélo?

Ces chiffres et la cartographie qui les accompagne montrent en tout cas une fois de plus que le casque vélo n’est pas vraiment la solution. En effet, les cyclos-sportifs en rase campagne portent quasiment tous un casque vélo et cela ne les empêche pas de représenter les premières victimes mortelles en matière d’accidents vélo.

Dit autrement, là où le casque vélo est sans doute le plus nécessaire, c’est-à-dire hors milieu urbain sur les départementales, il n’empêche pas l’hécatombe des cyclo-sportifs fauchés par les voitures à grande vitesse. Et là où il n’est pas nécessaire, c’est-à-dire en ville à vitesse modérée, il y a somme toute assez peu d’accidents mortels (avec ou sans casque).

En fait, c’est Dominique Lebrun qui donne la seule solution véritablement efficace pour diminuer les accidents mortels à vélo: faire rouler les voitures moins vite pour leur éviter de percuter un vélo. Le « Monsieur vélo du gouvernement » propose ainsi de “mieux faire respecter les limitations de vitesse sur certains axes“.

La présidente de la FUB va plus loin : “La vitesse est l’élément le plus important. Plutôt que de se demander s’il faut ou non faire porter un casque ou une armure aux cyclistes il faut réfléchir à la modération de la vitesse sur certains tronçons. On investit beaucoup d’argent pour que l’on puisse rouler toujours plus vite, par exemple en facilitant les virages. Est-ce vraiment une bonne chose ? Je ne suis pas pour une réduction uniforme des vitesse à 80 km/h qui serait mal comprise et mal acceptée mais on doit mener une réflexion par territoire pour appliquer des solutions locales en baissant la vitesse à certains endroits ou en proposant certains aménagement cyclables quand ils sont adaptés.”

Sources:

Données des accidents corporels de la circulation routière, data.gouv.fr
La carte de (presque) tous les accidents de la route en 2012, Rue89
La carte qui prouve que le vélo tue peu en ville, TerraEco
Pour en finir avec le casque vélo, Carfree

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