Contre les morts à vélo, oubliez les casques, pensez aux femmes !

Un article repris du site internet Rue89 http://rue89.nouvelobs.com/2016/02/12/contre-les-morts-a-velo-oubliez-les-casques-pensez-femmes-263167

L’obligation du port du casque à vélo fait l’objet d’un vaste débat. Une étude canadienne le tranche et a des propositions autrement plus efficaces pour augmenter la sécurité des cyclistes.

Ajout du mot « Obligation » avant « port du casque à vélo »

Le débat est presque aussi vieux que le vélocipède à pédales. Faut-il ou non obliger les cyclistes à porter un casque  ? Pour apporter une nouvelle réponse, des chercheurs ont eu l’idée de mener une vaste étude [PDF] au Canada, où le casque est obligatoire dans une partie des villes seulement.

Leurs résultats sont formels : l’obligation du port du casque a une influence nulle sur le taux d’hospitalisation des cyclistes. Alors que d’autres facteurs sont déterminants  :

  • plus il y a de vélos, moins il y a d’hospitalisations de cyclistes (en proportion) ;

  • plus il y a d’infrastructures cyclables, moins il y a d’hospitalisations de cyclistes ;

  • Les femmes ont le plus faible taux d’hospitalisation, parce qu’elles roulent plus doucement et sur des routes plus calmes et dotées d’infrastructures cyclables.

Ce n’est pas une surprise. Partout, on vérifie le fait que l’augmentation du nombre des vélos apprend aux automobilistes à cohabiter et à éviter les comportements dangereux.

Cyclisme à Ottawa, Canada

Cyclisme à Ottawa, Canada – John Talbot/Wikimedia Commons/CC

De même, de nombreuses études ont pointé le fait que les femmes sont moins souvent victimes d’accidents à vélo. En 2014, l’économiste Frédéric Héran confirmait ainsi à Terra eco  :

«  Si les hommes roulent plus que les femmes à Paris, c’est que les hommes sont plus téméraires face au trafic et à la vitesse. Dans les villes où la mobilité à vélo est facilitée et apaisée, les hommes et les femmes se déplacent autant à vélo. A Strasbourg, où l’on compte un nombre important de cyclistes, la part des femmes est presque aussi importante que celle des hommes. A Copenhague, les femmes sont même majoritaires parmi les cyclistes.  »

Qu’en tirer comme conclusion ?

A titre collectif, les auteurs de l’étude avancent :

«  Ces résultats suggèrent que les responsables des politiques de transport et de santé publique qui cherchent à réduire les blessures à vélo devraient se concentrer sur les moyens d’augmenter l’usage du vélo en général, et chez les femmes en particulier. »

Construire de vraies pistes cyclables et fluidifier les trajets des vélos permet de démarrer des cercles vertueux qui attirent des usagers, et notamment des femmes. Alors que l’encombrant casque obligatoire, qui concerne en plus une faible minorité des blessures à vélo, a l’effet inverse.

Quant à savoir si vous devez ou non porter un casque quand vous n’y êtes pas obligés, nous ne nous engagerons pas dans ce débat houleux. Nous vous rappelons simplement cette petite astuce : se doter d’une autre protection, en portant des vêtements de couleurs vives le jour et une tunique réfléchissante la nuit, permet de réduire jusqu’à 77% le nombre d’accidents corporels graves en améliorant « la conspicuité » – le fait d’être bien visible – des cyclistes par les voitures.

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