Repris de la page Facebook de RDV au Parle-Loire·Jeudi 31 janvier 2019
Situé sur la rive gauche de la Loire, le port du Cavereau (Loir-et-Cher) est équipé de trois cales abreuvoirs simples. Il mesure environ 400 mètres de long et dispose d’escaliers et de plusieurs organeaux.
La décision de construire le port fut prise vers 1820, époque glorieuse encore pour le transport fluvial. L’étape suivante fut l’attribution des droits de location de place pour les marchandises déposées sur le port. Situé juste avant Beaugency, cet endroit voyait passer de nombreux chalands, acheminant les marchandises jusqu’à Orléans.
» La grande Jeanne » est le nom donné par les mariniers au grand coude dessiné par la Loire ici. Faute d’un vent très favorable, la remonte s’avérait impossible. A contrario, à la descente, par les hautes eaux et le courant devenu fort, on dénombrait de nombreux naufrages. Les bateaux à réparer se réfugiaient l’hiver près de l’embouchure de l’Ardoux au Port Pichard. Le port fut abandonné vers 1930.
Au Cavereau, on peut encore aujourd’hui imaginer ce qu’était le port à l’époque où la Loire était marchande. Les petites maisons de pêcheurs et de mariniers, les boucles d’amarrage existent toujours. Restaurée en 2000, une rampe de canoë a été aménagée pour autre forme de découverte de la rivière.
Historique Le lieu dit est conu depuis longtemps pour une ressource naturelle : le Blanc d’Espagne dit Blanc de Caverau.
Il me dit que ces sortes de pierres se tiroient d’un endroit qu’on nomme le Cavereau, petit hameau de la paroisse de Nouan, situé sur la rive gauche de la Loire, à neuf lieues au dessous d’Orléans. Essais sur les dendrites des environs d’Orléans : Imprimerie royale, 1755.
Les carrières du Cavereau occupent, sur le bord de la Loire, un quart de lieue d’étendue ; elles présentent un front de quarante à cinquante pieds d’élévation. C’est là que les habitants du Cavereau creusent tous les ans des fosses de douze à quinze pieds de profondeur, non-seulement pour en extraire les pierres de formes bizarres & celles qui contiennent des dendrites dont nous venons de parler, & avec lesquelles ils bâtissent leurs maisons , mais surtout pour y fouiller la matière qu’ils emploient à faire le blanc de craie qu’on nomme vulgairement blanc d’Espagne. Encyclopédie méthodique: Géographie-physique (par M. Desmarest), H. Agasse, 1809.
En 1818, un ingénieur des ponts et chaussées analyse la structure de la Loire qui fait un coude au hameau du Cavereau. Il découvre que la rive composée de marne, de sable et de quelques blocs de pierre, est continuellement dégradée par les crues. Les riverains d’ailleur sont considérablement à pâtir de cette exposition. Leurs maisons sont emportées par les hautes-eaux tandis que des bancs de sable se forment sur la rive opposée. La construction d’un perré devient une nécessité pour protéger la rive sur 425 mètres de long. Du point de vue économique, des bois de marine et autres marchandises sont dirigés vers le Cavereau pour y être embarqués. La création d’un port à cet endroit alors qu’il n’y a pas de port entre les villes de Saint-Dyé et Beaugency distantes de 26 kilomètres serait opportune. Son projet : construire un petit port d’embarquement équipé de trois cales.
En 1822, il convient de diminuer la dépense : le nombre de rampe est réduit à deux (une à chaque extrémité du port). Les perrés de 45° d’inclinaison seront pourvus de quatre escaliers et de 30 pilots d’amarre. Outre les dispositions permettant l’embarquement des marchandises, le port a un rôle important de défense des berges. Il est ainsi élevé à 6,20 m au-dessus de l’étiage. Les travaux sont exécutés jusqu’en 1825. L’année suivante, des terrains sont encore indemnisés par l’Etat.Un arrêté préfectoral relatif aux droits de dépôt sur le port du Cavereau est signé en 1835. Il instaure un tarif pour les dépôts de marchandises : gratuit la première journée puis 0,15 F par m² de terrain occupé. Le port du Cavereau est affermé par la ville de 1836 à 1895. Un règlement de police du port du Cavereau est projeté en 1905. Le texte précise que la commune est autorisée à percevoir des redevances pour le dépôt et le stationnement des marchandises sur le port. L’espace est divisé en deux : une bande de 6 mètres de large le long du fleuve est réservée au halage et à la circulation, Une deuxième bande, parallèle à la première, est destinée au dépôt des marchandises. En 1860, le port mesure 415 m de long sur 18 m de large et est établi à 6,20 m au-dessus de l’étiage. Sa surface est de 36 ares en 1903.
Ces informations sont précieuses. Elles précisent l’organisation administrative du transport fluviale et sa volonté de persister au delà de l’arrivée du chemin de fer. En cela ce jeune port dans l’histoire de Loire est révélateur. Le port est restauré en 2002. Il mérite le détour.