jpcancé vous invite à découvrir les itinérances, à pied, à bicyclette, en bateau, par le texte et l'image, d'un randonneur touche à tout, marinier de Loire à l'occasion, canoéiste aussi, rebelle et libre toujours, photographe amateur, amoureux de la Loire, de sa batellerie et de Dame Nature.
La Loire se distingue du Rhône et du Rhin parce qu’elle ne dispose pas de réserve en eau que les glaciers apportent à ces deux homologues, pas plus qu’elle n’est constamment alimentée par des sources régulières comme le sont la Seine ou la Somme. L’été, elle ressemble bien plus à une rivière de sable qu’à un fleuve majestueux, ce qui, avouons-le, lui octroie là-encore, un charme unique et merveilleux.
Le Rhône
Elle a aussi la particularité de transporter, bien plus que les autres, des débris alluviaux en masse considérable. Appelées jarres par les ligériens, ces granulats se réduisent au fur et à mesure du trajet pour n’être plus que du sable fin dans la région d’Angers. Cet ensemble solide de par son éternel mouvement occasionne dans le lit une succession de seuils et de mouilles.
La Loire : si belle
Les seuils sont des sortes de barrages constitués de sable et de cailloux qui réduisent considérablement la profondeur de la rivière. Plus loin, des fosses de profondeur toute relative mais supérieure à celle des seuils, étaient appelés par les mariniers d’alors : « mouilles ». Le chenal se constitue ainsi de mouilles en mouilles, évitant les seuils en passant d’une rive à l’autre en fonction de la structure des courbes.
L’alternance des basses et des hautes eaux joue, elle aussi, un rôle dans le modelage du lit mineur. La création des îles s’explique dans la transformation d’un seuil grâce à l’apport d’une plante : l’osier, transporté lors des basses eaux d’été. Les plans s’enracinent et des jeunes poussent naissent. Ils survivront qu’à certaines conditions de maintien de leur capacité à capter l’eau par leurs racines.
La Loire en crue
Les îles se distinguent des grèves quand l’implantation des saules est effective, que les arbustes sont assez hauts pour fixer des sédiments de manière à atteindre une hauteur de plus de 3 mètres par rapport à l’étiage. C’est alors le temps pour l’île de se développer durablement sans risquer de disparaître à la prochaine crue.
Une île sépare le lit en deux parties inégales. D’un côté une petite Loire, de l’autre une grande Loire. Les appellations ne venant pas de la largeur du bras mais de leur profondeur. La grande Loire constitue le chenal. Quant à la petite Loire, elle est parfois obstruée vers l’amont par un haut fond lors des étiages. Elle devient alors un « rio » que les anciens qualifiaient de fainéant.
Le Rio à Orléans délimité l’île Charlemagne
Un « rio » devient une « boire » quand ils sont obliques et rejoignent le bras principal en traçant leur chemin parmi les gazons, des passages de sable et d’osier dans lequel s’engouffre l’eau quand le niveau de la rivière monte.
Il faut noter que les berges des îles sont toujours plus hautes du côté de la Grande Loire que de la boire. C’est cette dissymétrie systématique qui explique que l’aspect de la rivière n’est jamais identique sur ses deux rives. De ces différences naissent d’ailleurs des transformations distinctes lors des phases de crue. Le sable s’élève et s’accumule toujours plus haut du côté du plus fort courant.
Île de Baure
Enfin, ces phénomènes complexes sur les rives expliquent encore le comportement des affluents de la Loire : Le Loiret, L’Ardoux, Le Cosson, La Cisse, Le Cher, L’Indre et L’Authion qui doivent longtemps rester parallèles à la rivière principale avant que de trouver une opportunité topographique de s’y jeter. Ces affluents dans leur trajet final doivent trouver une opportunité pour que devienne possible la confluence avec un abaissement de la berge en cet endroit.