Trois millions de Français se déplacent régulièrement à vélo. (© Gonzalo Fuentes / Reuters)
DÉCRYPTAGE
Accusés de mépriser trop souvent le code de la route, les cyclistes sont en fait surtout victimes des autres usagers de la route.
Bien que peu verbalisés, les cyclistes ont mauvaise réputation, accusés d’ignorer le code de la route aussi bien par les piétons que par les automobilistes. Sont-ils vraiment les plus mauvais élèves de la route ? Décryptage.
Des écarts de conduite devenus plus visibles :
«Les écarts de conduite des cyclistes sont beaucoup plus visibles car ils sont beaucoup plus nombreux» qu’il y a quelques années, explique Benoît Hiron, à la direction technique du Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement). Pour autant, individuellement, ils ne commettent pas plus d’infractions qu’avant, précise-t-il.
De fait, aujourd’hui, les cyclistes sont 3 millions à se déplacer régulièrement, et 17 millions à utiliser leur vélo deux ou trois fois par semaine. «Au début des années 1990, plus personne ne prenait son vélo, c’était ringard, affirme Pierre Toulouse, le monsieur vélo du ministère de l’Ecologie. Mais progressivement, avec les grèves de 1995, la prise de conscience environnementale, les questions de santé, et aussi le développement du vélo en libre-service, prendre son vélo est devenu banal, surtout depuis une dizaine d’années».
A Paris, par exemple, il y a 400 000 déplacements à vélo par jour. Et depuis le lancement d’un premier système de vélo en libre-service à Lyon en 2005, une quarantaine de villes ont suivi.
Moins dangereux que les automobilistes :
Selon la préfecture de police de Paris, les cyclistes sont moins fauteurs d’accidents que les autres catégories d’usagers de la route. Quand un cycliste est impliqué dans un accident, il n’est responsable que dans 40% des cas. Et ce constat n’a pas changé depuis dix ans. «Si les cyclistes brûlent davantage les feux rouges que les automobilistes, ils ne font pas de dépassement de vitesse et ne provoquent pas de mort», souligne Geneviève Laferrère, présidente de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB). Toujours selon la préfecture de police, ils sont surtout les victimes des autres usagers de la route, automobilistes et véhicules professionnels : cette année, près d’un cycliste tué sur quatre a été heurté par un poids lourds, autocar ou un véhicule utilitaire.
Un taux de mortalité qui baisse depuis les années 1960 :
Le nombre de blessés et de morts par an reste quasiment le même depuis quelques années. «Il y a 700 blessés et 150 morts par an. Ces chiffres évoluent peu» affirme fièrement la présidente de la FUB. Pour Pierre Toulouse, ce chiffre est même en baisse : «Il y a dix ans, il y avait 180 morts par an. Et il y a cinquante ans, il y en avait même 800.»
Une baisse selon lui due à la «sécurité par le nombre» : plus il y a de cyclistes, plus les automobilistes font attention à eux. En ville, le taux de mortalité continue donc de baisser tandis que celui de la campagne reste élevé : deux tiers des cyclistes tués le sont hors agglomération. Pourquoi ? «Parce que les voitures ont moins l’habitude de voir des vélos et vont beaucoup plus vite», explique Pierre Toulouse.
Benoît Hiron reconnaît en revanche, que si le volume de verbalisation reste faible, il est difficile d’évaluer vraiment le taux d’incivilité des cyclistes. «Les policiers verbalisent peu. Et puis, un cycliste qui roule en sens interdit en zone 30 n’enfreint pas la loi. Même si les villes ne mettent pas toujours en place des pistes cyclables adéquates.»