Un article repris du site internet de Libération.
http://www.liberation.fr/futurs/2015/11/20/les-dix-commandements-pour-affronter-le-froid-et-la-pluie-a-velo_1414926
Le froid et la pluie sont de sérieux obstacles à la pratique du vélo. Sauf lorsqu’on s’y prépare. Et ce n’est pas si difficile…
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Les dix commandements pour affronter le froid et la pluie à vélo
«Je ne sais pas comment tu fais pour rouler en hiver ou sous la pluie. Tu es fou.» Ce refrain, les cyclistes «vaillants» l’ont tous entendu au moins une fois. C’est vrai qu’il faut être dingue pour s’infliger volontairement un air glacial ou envahi de gouttes d’eau sans y être préparé. C’est pénible. Quelques réflexes suffisent pourtant à s’en accommoder. J’en ai listé dix à partir des conseils d’une demi-douzaine de cyclistes habitués à affronter une météo défavorable.
Ceux-ci me retournaient souvent la question à l’envers : pourquoi s’arrêter de rouler par grand froid ou averse ? Après tout, le cycle des saisons ne vient pas briser celui du vélo aux Pays-Bas et en Finlande. «Étant donné que je n’hiberne pas ni ne migre vers les mers du sud, il faut bien que je sorte de chez moi et que je me déplace… Et franchement, je ne vois pas quel autre moyen de transport que le vélo utiliser», plaisante Christine Lambert, de l’association parisienne Mieux se déplacer à bicyclette. «Pourquoi fait-on du vélo en hiver ? Parce que comme en été ça fait du bien avant d’arriver au boulot. Surtout lorsqu’on travaille dans un bureau toute la journée», résume Amélie du collectif Vélorution Paris.
En hiver…
1) Equipé tu seras
S’il avait connu le vélo, Lao Tseu aurait pu dire : «Evite de sortir nu par grand froid». En hiver, pas le choix, il faut superposer les couches d’habits. Ce qui n’implique pas de devoir s’acheter la tenue complète du parfait petit cycliste : ce dont on a besoin se trouve bien souvent déjà dans le placard. L’équipement de base comprend : de bons gants – «absolument essentiels» pour Amélie – un manteau bien chaud et un bonnet – avec ou sans casque par-dessus.
Chacun ajoute ensuite sa petite touche. Violaine, qui pédale chaque jour à Paris, craque pour les gants et les bottes fourrés : «Mais on peut utilement investir dans une paire de semelles intérieures en laine de mouton, aussi discrètes que chaudes, à glisser dans toutes les chaussures.» Christine Lambert sort quant à elle les chaussettes «bien isolantes» quand vient l’hiver pour protéger ses pieds. D’autres se réfugient derrière des lunettes ou une visière pour contrer l’air glacé. «Quoi qu’on mette, il faut être à l’aise dans ses habits, pas engoncé», conseille Christine Lambert.
2) Equipé mais pas trop tu seras
Rien ne sert de trop se couvrir : il faut se vêtir à point. Au bout de quelques minutes en selle, le corps se réchauffe à force de pédaler. «Le froid est un problème les cinq premières minutes environ», souligne Christine Lambert. Selon la longueur et le dénivelé du parcours, votre attirail anti-froid peut donc très vite se transformer en piège à chaleur.
Il faut donc veiller à se couvrir avec la couche d’habit nécessaire – on apprend vite au fil des jours. On peut aussi opter pour des vêtements techniques, c’est-à-dire à la fois chauds et respirant, ou pour des habits ajustables au fil du trajet, genre foulard, gilet à fermeture éclair, manteau à manches rétractables, etc.
3) Le style ne pas renier tu dois
Depuis septembre, un site spécialisé propose de pédaler «avec allure» : The place to bike. Cette boutique en ligne recense des vêtements conçus spécialement pour les cyclistes urbains, à la fois techniques et pas trop moches. Comprendre : on peut les porter aussi le reste du temps.
4) En conséquence tu mangeras
Une alimentation adaptée peut aussi faciliter votre transit entre deux îlots de chaleur. C’est le conseil reçu de Jérôme Desquilbet, du collectif Vélorution Paris : «Le gingembre confit fait circuler le sang jusqu’au bout des doigts et des orteils, entre autres».
5) Un bon éclairage point tu n’oublieras
L’hiver, il fait souvent nuit ou gris. Disposer de feux avant et arrière n’est pas seulement obligatoire, c’est vital. Vos choix vestimentaires vous permettront aussi d’être mieux vu. «J’essaie de porter des habits de couleur vive ou claire, c’est plus gai que le noir, raconte Christine Lambert. Sinon je sors mon gilet fluo que je me promets de personnaliser chaque hiver.»
6) Rouler par neige et verglas tu éviteras
Pour m’être ramassé une paire de fois à vélo sur la neige et le verglas – la dernière fois c’était à deux mètres de l’arrivée, devant le parking du journal – j’ai tendance à conseiller de laisser la bicyclette au garage pour ce genre d’occasions. Si vous tenez malgré tout à l’enfourcher, «pour la joie de dépasser les voitures bloquées», dixit Amélie, gardez à l’esprit qu’il vous faudra : des pneus larges, des bons freins et des habits résistants, en cas de chute.
Sous la pluie…
7) Anticiper tu devras
Il n’y a rien de plus pénible que de traverser une averse à vélo sans y être préparé. Le mot d’ordre est donc l’anticipation. Violaine conseille ainsi d’avoir toujours une cape-poncho dans son sac ou dans les sacoches du vélo : «C’est peu encombrant et ça permet de résister à la plupart des pluies s’il couvre bien les genoux. En cas de forte averse, avoir deux sacs plastiques qui pourront être noués autour de vos chaussures permet de sauver une paire.»
Samy Guyet, membre de l’association nantaise Place au vélo, n’est pas fan de la cape de pluie en ville, «qui prend le vent, limite la vision latérale et ne protège pas le bas des jambes». Il s’est équipé en fonction : «Vu que je fais du vélo par tous temps, j’ai sur moi un pantalon de pluie avec protège-pieds intégrés, une veste imperméable, des gants et une capuche sous le casque. Pour celles et ceux qui portent des lunettes, un casque à visière peut d’ailleurs être utile.»
Emporter ou enfiler un surpantalon et des guêtres peut paraître pénible. «Un peu comme les préparatifs au ski ou la plongée finalement. Mais après on s’éclate», affirme Christine Lambert. Son équipement de base : une cape avec visière (à bien faire sécher avant de la replier pour qu’elle dure plus longtemps) et une casquette-bonnet en laine avec visière pour maintenir la capuche et protéger les yeux des gouttes de pluie.
8) Aux garde-boues tu penseras
«Investir dans des gardes boues peut être utile pour éviter les projections», rappelle Violaine. Ça évite parfois les traînées de boue dans le dos et à l’arrière du pantalon… Beaucoup de vélos en sont déjà pourvus à l’achat. Pour les autres, il existe des garde-boues de toutes sortes, légers, à fixer facilement à l’avant et à l’arrière.
9) Ta selle tu couvriras
Comment éviter à vos fesses d’être mouillées en remontant sur un vélo que vous aviez laissé à l’extérieur ? Simple : mettre un sac plastique sur la selle. Le mieux étant de penser à le mettre avant, lorsque vous garez le vélo, et de le retirer au moment de repartir.
10) D’autres parades tu envisageras
Malgré tous ces conseils, vous voudriez quand même rouler sous la pluie en Tee-shirt sans être mouillé ? Essayez le Roofbi ou le Dryve. Ces dômes en plastique se fixent sur le vélo pour protéger intégralement le cycliste du vent et de la pluie. Et c’est d’autant plus pratique lorsqu’on transporte des enfants. «Le vélo reste le meilleur moyen pour aller au travail sur des petites distances. Et je voulais qu’il puisse redevenir un moyen de transport comme un autre, même en hiver», raconte Arnaud Safarti, le concepteur de cette capote pour vélo nommée Roofbi.
Son produit pèse 2,5 kg – protection, barres de support et sangles comprises – et tient dans un sac de type tente Quechua de 55 cm de diamètre. Il se fixe à l’avant sous le guidon et l’arrière sur le porte-bagages (mais d’autres modèles s’adaptent aux vélos qui n’en disposent pas) et se déploie tout autour du cycliste. Lorsqu’on est habitué à le sortir, le montage dure moins de deux minutes. A condition de l’avoir toujours près de son vélo.
Gabriel Siméon
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