Cop 21 : « Tous à vélo ! » Ou pas.
Repris du site internet d’Olivier Razemon « l’interconnexion n’est plus assurée » (Le Monde). Chronique impatiente de la mobilité quotidienne.
28 novembre 2015
Cop 21 : « Tous à vélo ! » Ou pas.
« Tous à vélo ! » : A la veille de la 21ème conférence sur le climat qui s’ouvre lundi 30 novembre au Bourget (Seine-Saint-Denis), ce slogan pourrait être celui des pouvoirs publics : l’État, mais aussi la Ville de Paris. Après tout, comme l’a annoncé le gouvernement, la circulation, tant en transports publics qu’en véhicule motorisé, devrait être très compliquée en Ile-de-France dimanche 29, lundi 30 (informations précises ici), et dans une moindre mesure les jours suivants.
Et lorsque l’auto (comme la moto) « reste au garage », et que le métro est bondé, demeurent les déplacements à pied et à vélo. Pas forcément pour aller de Versailles à Melun. Mais pour une bonne partie des trajets de tous les jours. En outre, une telle consigne serait cohérente avec l’objet même de la Cop21. Enfin, la manifestation pour le climat du 29 novembre ayant été annulée, « tous à vélo » pourrait constituer une mobilisation symbolique. Et accessoirement détendre un peu l’atmosphère.
Le précédent Christine Lagarde : Las, les pouvoirs publics n’ont pas pensé le vélo comme une solution. C’est une grande constante des communiqués ministériels consacrés aux déplacements : ils mentionnent « la circulation des véhicules » et « les transports en commun », mais oublient qu’une grande part des trajets se font à pied. Or, le vélo permet tout simplement d’accélérer le pas. Un gouvernement français qui appellerait à se déplacer à vélo ? N’y songeons pas. Ce serait ridicule… Souvenons-nous du tollé contre Christine Lagarde, alors ministre de l’économie, lorsqu’elle avait lancé cette suggestion en 2007.
Paris petit bras : La Ville de Paris, qui espère pourtant 15% de trajets à vélo en 2020 (contre 3% aujourd’hui), n’encourage pas vraiment les Parisiens à monter en selle. Tout juste l’adjoint aux transports, Christophe Najdovski évoque-t-il sur le site de la Ville, parmi les mesures mises en place pour pallier la congestion, « l’abonnement Vélib’ gratuit ». On aurait pu imaginer des consignes plus enthousiastes et plus précises : une carte des itinéraires cyclables, des recommandations contre le vol, des conseils pour se protéger contre le froid, etc. Le service Vélib’ lui-même aurait pu adapter sa régulation à l’ampleur de l’événement.
« Faire ses courses » à vélo : Puisque les pouvoirs publics s’en moquent, reste la société civile. La Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) a rappelé vendredi la contribution des transports aux gaz à effet de serre : 27%. Et déploré « la quasi-absence » du vélo « dans le débat public ». En France, à tout le moins.
Qu’à cela ne tienne, « tous à vélo », a lancé la fédération, appelant « les citoyens à se déplacer à vélo, seul, en famille, ou entre amis, pour aller travailler, faire ses courses, se balader, etc., dès dimanche 29 novembre et pour toute la durée de la COP21 ». La FUB, qui rassemble 195 associations locales, joue logiquement son rôle militant.
Couac : Mais l’initiative ne plaît pas à tout le monde. Une autre fédération de cyclistes, celle qui réunit les amateurs de cyclotourisme, a curieusement réagi. « Vous incitez concrètement à la manifestation sur la voie publique en cette période critique », écrit Dominique Lamouller, président de la Fédération française de cyclotourisme (FFCT) dans un courrier à son homologue de la FUB, Olivier Schneider.***
« Je ne souhaite pas que les cyclistes perturbent les services de sécurité », poursuit le cyclotouriste, qui confond apparemment « déplacement » et « manifestation » (ici, des zadistes à vélo). Et il ajoute: « je me vois dans l’obligation d’aviser l’ensemble de notre réseau ainsi que les ministères concernés ». Bigre.
Tous à vélo ? Même au moment où les pouvoirs publics proclament « l’urgence climatique », le slogan le plus simple du monde ne fait pas consensus.
NB 28/11 19h: l’indemnité kilométrique pour les cyclistes, dont le principe avait été voté cet été dans la loi de transition énergétique, devait faire l’objet d’un décret. Après une annonce de Ségolène Royal en septembre (lire ici), la mesure a été finalement reprise et sensiblement modifiée dans la loi de finances par un amendement gouvernemental déposé le 27 novembre et discuté le 30 novembre à l’Assemblée. Versée obligatoirement par l’employeur selon les termes de la loi de transition énergétique, l’indemnité est désormais facultative et l’exonération fiscale à laquelle elle donne droit est plafonnée à 200€/an. Un coup d’épée dans l’eau.
*** La FFCT et son Président ne sont pas à la hauteur de l’évènement de la COP 21 ! Ils préfèrent préserver leurs subventions ! Courage, fuyons !!! Cette fédération de pseudo cyclistes est pourtant membre de la FUB (Fédération Française des Usagers de la Bicyclette). Que la FUB rende sa liberté à la FFCT en lui remboursant sa cotisation. On n’a pas besoin d’adhérent de ce type !!! D’ailleurs, ces cyclistes « coursiers » ne sont pas « des usagers », au sens strict, de la bicyclette et, en plus, ils font souvent un usage privatif de la route… Essayez de doubler un peloton…
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