Sur le chemin de Louis Robert Stevenson…

Nous sommes quatre à nous engager, à la sortie de la ville du Puy-en-Velay, en Haute-Loire, dans un chemin de terre, herbeux à souhait, en montée sévère, pour nous conduire au Monastier sur Gazeille et rejoindre l’itinéraire de Robert Louis Stevenson, accompli à l’automne 1878 entre le Monastier et Saint-Jean-du-Gard… Il y a là, Brigitte et son mari Bernard, novices en matière de voyage à pied, Geneviève, une baroudeuse berrichonne passe partout et Jean-Pierre, spécialiste du voyage à pied ou à bicyclette en toute autonomie et indépendance.

Photo : La chapelle St Michel d’Aiguilhe, Le Puy en Velay.

Le soleil est au rendez-vous de ces premiers pas. Le moral est au beau fixe car nous sommes partis pour un voyage pédestre entre Velay, Margeride et Cévennes. Les treize étapes prévues s’annoncent somptueuses au milieu d’une nature renaissante.

Robert Louis Stevenson, l’auteur écossais de « L’île au Trésor », a accompli cet itinéraire entre le dimanche 22 septembre et le jeudi 3 octobre 1878, accompagné d’une petite ânesse grise baptisée, pour l’occasion, Modestine. Il relatera son aventure dans un livre « Voyage avec un âne dans les Cévennes »…

« J’avais cherché l’aventure toute ma vie,
une aventure pure et sans passion,
comme il advenait
aux voyageurs héroïques des premiers temps ;
et se trouver ainsi, au matin,
dans un coin perdu et boisé du Gévaudan,
désorienté, aussi étranger à ce qui m’entourait
que le premier homme abandonné dans les terres,
c’était voir, comblée, une partie de mes rêves éveillés. »
(Robert Louis Stevenson)

Photo : Statue en bois de Stevenson au Boucher St Nicolas.

Notre aventure en devenir est un voyage initiatique pour Brigitte et Bernard, une reprise du voyage à pied pour Geneviève, Jean-Pierre n’en a été que l’initiateur et l’organisateur.

Nous n’avons pas d’âne pour porter nos chargements, le sac à dos fait l’affaire, allégé certes à 9,5 kg pour les dames, 11,5 kg pour les hommes, eau comprise. Cela nécessite une profonde réflexion et… une petite balance pour peser chaque élément du puzzle.

Notre voyage à pied, en toute autonomie, nous a permis de belles rencontres comme ces deux cousins, Suisses de leur état, plein d’humour, et leur petit âne Pépito qui n’aura de cesse de nous surprendre à la traversée d’un gué, d’un tunnel ou d’un pont de fer… un âne magnifique d’intelligence avec des maîtres ayant mis en place un rapport homme/animal très original fait de douceur, de fermeté et de complicité. D’autres rencontres ont agrémenté notre chemin comme ce couple sympathique de Limoges très connaisseur de la flore ou ces trois randonneurs du pays nantais et bien d’autres encore tant ce chemin est synonyme de convivialité partagée, mais aussi l’accueil, toujours sympathique, de nos hôtes chaque soir.


Photo : L’âne Pépito et ses maîtres Suisses.

Et la nature, a-t-elle été au rendez-vous de nos espérances ? Oui, bien sûr, tant le cheminement en son sein ne peut laisser indifférent… faite d’arbres divers, de fleurs omniprésentes et odorantes, de pierres et de rochers aux formes aussi diverses que variées, de vallées profondes et mystérieuses, de plateaux ventés où ondulent les narcisses et l’herbe folle, de montagnes arrondies à perte de vue, d’animaux et d’oiseaux trop rarement entrevus à notre goût ou de ruisseaux passés à gué et qui deviendront l’Allier ou le Lot à la vue plus précise de nos cartes IGN.

Mais aussi cette tourbière bien photogénique ou ce piton nous permettant de dominer la vallée ou, encore ce troupeau de vaches magnifiques de race Aubrac….

Seule la météo ne nous aura pas fait de cadeau en mouillant notre chemin pendant huit journées sur treize étapes… au vent a succédé la bourrasque, l’averse ou l’orage impressionnant en montagne du côté du Mont Lozère ou près d’Alès. La cape de pluie a été le plus souvent notre habit de moine, l’eau pénétrant les chaussures, passant au travers de la fermeture « éclair », mouillant les corps à force d’entêtement. La brume a trop souvent recouvert les paysages mais quelles belles images données parfois avec l’arrivée de la lumière et du soleil… permettant une photo presque volée…

En arrivant à Saint-Jean-du-Gard, après avoir rendu visite au petit train cévenol qui stationnait en gare, Brigitte, la courageuse, nous a gratifié d’une petite larme comme pour se persuader de sa capacité à voyager à pied dans des conditions parfois difficiles. Bernard, en marathonien accompli, a survolé le chemin allant, parfois, après l’étape du jour, se coltiner quelques kilomètres supplémentaires de course à pied et Geneviève, besogneuse, efficace, cultivée en nous chantant une chanson des Frères Jacques au pire moment de la tempête… du bonheur tout simplement pour Jean-Pierre, improvisé guide pour la circonstance et fier d’avoir partagé tous ces moments de joie avec ses amis…


Photo : Devant la gare de St-Jean-du-Gard.

Merci à vous, mes compagnons du chemin de Stevenson !

Je reviendrai une autre année car ce chemin, cette nature, ne peuvent me laisser indifférent !

 

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